La possibilité d'un Web 3.0

La possibilité d'un Web 3.0

Ces derniers temps, de nombreux articles sur le Web3 sont publiés et évoquent le futur d’Internet. Il s’agit d’un Internet décentralisé, basé sur la technologie de la Blockchain.

Quels sont les principes derrière ce Web 3.0 ? Est-ce que ça va vraiment arriver et si oui quel impact pour vous et votre activité sur Internet ? On debunk tout ça dans cet article.

Un peu de contexte

Qui dit Web3 dit Web 1 & 2. On commence donc par un petit peu d’histoire, avec la création du Web 1.0 en 1991. C’est la base d’Internet, avec des sites Internet très simples, majoritairement consultatifs, hébergés directement par les fournisseurs d’accès Internet (qui se souvient des pages Free ?).

Altavista
Altavista dans les années 90

En 1999 apparait son petit frère, le Web 2.0. Au fur et à mesure que l’accès à Internet se démocratise, de nombreux usages et besoins voient le jour. Bien plus interactifs, les sites deviennent des plateformes d’échanges avec des objectifs plus précis (achat, réservation, gestion etc...).

Internet se standardise, avec l’apparition de normes pour créer des sites, ainsi que d’entreprises spécialisées dans l’hébergement de sites. Tout le principe du Web 2.0 est de faciliter la création et la maintenance de sites Internet.

OVH en 2000
La première version du site d'OVH

Les réseaux sociaux comme Facebook ou les marketplaces comme Amazon sont des exemples de ce qu’il se fait de plus complexe en termes de Web 2.0. L’aspect ou l’usage peut être simple, l’infrastructure nécessaire pour faire tourner ces mastodontes l’est beaucoup moins !

Quand on voit ce qui est faisable actuellement, quelle est l’essence du Web 3.0 ?

La blockchain

Cette technologie mériterait bien un article à elle toute seule. Cela dit, on a besoin d’en parler un peu pour comprendre le Web3 donc c’est parti !

La blockchain est basiquement un système qui permet de tracer des échanges d’informations. Ces informations peuvent être des transactions bancaires, des mouvements d’inventaires ou des données plus basiques.

Schéma fonctionnement blockchain
Une transaction via la blockchain, schématisée

Elle repose sur quelques principes. Tout d’abord, elle est décentralisée. Toute entité est à même de consulter et de vérifier les informations contenues dans une blockchain. Elle est censée favoriser la confiance entre les différents acteurs car personne ne peut y dissimuler d’informations.

Ensuite, elle est sécurisée par cryptographie. C’est un sujet à part entière là encore donc je vais résumer l’essentiel. Tout ce qui se trouve dans une blockchain est chiffré et ne peut être déchiffré qu’avec une clef de chiffrement adéquate. On s’assure donc que seules les personnes autorisées ont accès aux informations.

Sécurité dans la blockchain
En réalité, il y a une clef privée et une clef publique qui vont de paire mais comme je le disais, on résume.

Un système visible par tous ne veut pas pour autant dire qu’il n’est pas chiffré. De nombreuses données sont chiffrées sur Internet pour éviter d’être exploitées

Lors d’une transaction, chaque bloc de données interroge le bloc précédent pour vérifier que tout est valide. La multiplication des vérifications en provenance de multiples acteurs rend la falsification quasiment impossible et c’est ce qui fait la force de la blockchain.

Elle est notamment populaire ces dernières années de part le développement des crypto-monnaies (Bitcoin, Ethereum...) et des NFTs (Non Fungible Token).

On reparle en fin d’article de l’attention particulière dont bénéficie la blockchain depuis peu.

Objectif & usage du web 3.0

La volonté derrière le web3 est de décentraliser l’information en utilisant la technologie de la blockchain. Depuis plus ou moins 10 ans, les GAFAM ont progressivement monopolisé le trafic en créant de nombreux circuits fermés pour garder les usagers et la donnée dans leurs outils.

Techniquement, le Web3 veut embarquer les qualités que l’on attribue à la blockchain : des applications décentralisées, basées sur un standard de confiance, de sécurité et de stabilité. Au lieu d’un serveur distribuant l’application, il y en a plusieurs, synchronisés, aux 4 coins du monde pour toujours assurer la meilleur délivrabilité.

Il y a également l’intention de redonner plus de contrôle dans ce que l’on partagent sur Internet et plus d’informations sur notre usage d’Internet.

Le souci, c’est que ça ne sera probablement rien de tout ça.

Retour à la réalité

Le triste constat, c’est que le Web 3.0 est inutile dans son approche actuelle car tout ce qu’il promet est déjà faisable avec les technologies actuelles.

On a déjà des infrastructures permettant de répartir la charge d’une application entre plusieurs serveurs, pour assurer ses performances et sa délivrabilité.

On a déjà des systèmes permettant des transactions sécurisées. On n’a pas attendu d’avoir la blockchain pour ça.

La réalité, c’est que la blockchain existe depuis des années, mais que les cryptomonnaies l’ont transformé en aimant à subventions. De nombreux investisseurs sont prêts à parier beaucoup d’argents sur de nouvelles idées et mécaniques complètement inutiles. Tout simplement pour être les premiers à avoir développer une nouvelle façon de faire.

De nombreux projets associés au Web3 sont liés aux cryptomonnaies et à la spéculation qui les accompagnent. Les bonnes idées énoncées ont déjà essuyé pas mal de plâtres et se prennent des retours négatifs de la part des usagers quasiment systématiquement.

Tel qu’il est envisagé et présenté actuellement, le Web3 n’est pas fait pour les usagers, et c’est probablement la raison pour laquelle il ne verra jamais le jour. Soyez vigilants sur ces projets car ils sont forcément risqués et au mieux controversés.

Récemment, on a également vu naitre des projets basés sur des blockchains privées. Chez Ubisoft par exemple, avec sa plateforme de NFT nommée Quartz, on a un parfait exemple de blockchain privée qui ne sert à rien puisqu’elle est privée et centralisée sur les serveurs d’Ubisoft.

Quartz la plateforme NFT d'Ubisoft
Quartz, la plateforme NFT d'Ubisoft

Impact écologique

On n’a pas parlé de l’impact écologique de la blockchain ici car ce dernier est surtout lié au Bitcoin et aux moyens énergétiques qu’il nécessite pour fonctionner.
En elle-même, la technologie de la blockchain n’a pas plus d’impact sur l’écologie que les infrastructures actuelles. Cela pourrait toutefois changer si on base la totalité d’Internet là dessus évidemment.

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